On dit souvent que les huiles essentielles font partie des médecines douces. C’est une erreur absolument fondamentale et leur mauvaise utilisation pourrait vous conduire à provoquer des effets délétères sur votre santé ou celle de vos proche, voire à être la cause d’accidents graves !
La France et les huiles essentielles dans le monde
La France occupe une place particulière dans le monde en terme d’utilisation des « essences » de plantes, car c’est en France que l’aromathérapie a été inventée. C’est René-Maurice Gattefossé, un ingénieur chimiste de formation (1), qui est considéré comme un des pères fondateur de l’aromathérapie contemporaine. Et c’est d’ailleurs lui qui a inventé ce nom.
L’aromathérapie « à la française » se fonde sur une approche médicale et scientifique. Il est cependant dommage de constater que cette médecine n’a pas réussi à devenir « officielle » dans le monde médical. Si j’avais un pronostic à formuler, je dirais que l’aromathérapie pourrait fort bien passer, un jour prochain, sous les fourches caudines des différentes autorités de santé et/ou des différents ordres médicaux.
Médecine douce ou médecine dure
Aujourd’hui, l’accès aux huiles essentielles est totalement libre. D’une certaine façon, c’est une bonne chose puisque tout un chacun peut aller faire son marché, dans une démarche d’automédication, dans n’importe quelle pharmacie, parapharmacie ou même magasin bio ou échoppe dédiée à la santé naturelle. Par ailleurs, des huiles essentielles considérées comme rares dans les années 70 sont désormais plus accessibles et plus abordables financièrement, les cultures et l’extraction s’étant bien développés suite à la forte demande. On citera ici le Niaouli (Melaleuca quinquenervia cineolifera), l’Inule (Inula graveolens), le Thym à feuilles de sarriette (Thymus satureioides borneoliferum) ou encore le Camphre de Bornéo (Dryobalanops camphora).
Pour citer une phrase du livre « l’aromathérapie exactement » (2) : « Les huiles essentielles ne sont pas des corps simples, mais bien des assemblages de molécules diverses, ayant chacune leurs propriétés particulières. ».
Alors, comment, en tant qu’utilisateur lambda, est-il possible de faire un choix parmi des centaines d’huiles essentielles et des milliers d’espèces de plantes et de fleurs. Ainsi, il existe plusieurs centaines d’espèces d’Eucalyptus, dont certaines ont des composition totalement différentes. Par exemple, la composition d’un Eucalyptus radiata est très différente de celle d’Eucalyptus dives. Et c’est la même chose avec les différentes espèces de Thym (Thymus vulgaris, Thymus satureioides, Thymus serpyllum, Thymus mastichina)(Il en existe une bonne cinquantaine, rien qu’autour du bassin méditerranéen!). Un simple Thymus vulgaris peut avoir des propriétés différentes simplement parce qu’il a poussé en Espagne et pas en Provence ! C’est la notion de Chémotype que l’on peut introduire ici. Le Chémotype est un terme international qui est utilisé pour caractériser les différentes races chimique (ou chimio-type).
Bref, l’aromathérapie est bel et bien une médecine « dure » ! Les huiles essentielles doivent être considérées comme des médicaments.
Aromathérapie et maladies
Alors, que faire quand on est face à un trouble que l’on souhaite faire disparaître grâce l’aromathérapie ?
La littérature est particulièrement riche en France. Et je dois dire que, même en tant que naturopathe, cela demande beaucoup de temps pour bien intégrer les propriétés, les usages, les limitations et les interdictions formelles des dix ou vingt huiles essentielles qui peuvent constituer une bonne trousse d’aromathérapie familiale.
Voici quelques principes (liste non-exhaustive) qu’il serait bien judicieux de suivre :
- Femmes enceintes : le principe de précaution impose qu’aucune huile essentielle ne soit utilisée pendant la grossesse. Stop à l’automédication sur internet ! Consulter un aromathérapeute ou un praticien qui connaît bien les huiles essentielles.
- La voie intramusculaire et intraveineuse est interdite.
- Ne jamais mettre d’huile essentielle pure dans le nez, l’oreille, les zones anales et génitales.
- Ne jamais utiliser d’aérosol aux huiles essentielles chez une personne asthmatique.
- Toujours faire un test sur un coin de peau ou au pli du coude avant de se badigeonner d’huiles essentielles.
- Les huiles essentielles doivent être tenues hors de portée des enfants.
- En cas d’accident par voie orale, boire de l’huile et vomir ce qui permettra de diluer l’huile essentielle dans l’estomac, la bouche et l’œsophage. Appeler le centre antipoison ou les pompiers.
- En cas d’accident par voie cutanée, se rincer avec de l’huile végétale (huile de cuisine). Appeler le centre anti-poison ou les pompiers.
- Si on ne doit pas être en contact avec les huiles essentielles (par exemple en cas de grossesse), utiliser des gants pour appliquer des huiles essentielles à une tierce personne.
En conclusion
Soyez prudent !
Lisez, renseignez-vous bien. Et accordez une confiance limitée aux vendeurs, que ce soit dans les parapharmacies ou les commerces liées à la santé.
Le mieux étant bien sur de demander conseil à un aromathérapeute, un naturopathe ou un praticien qui connaît bien les huiles essentielles.
[Source](1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9-Maurice_Gattefoss%C3%A9
(2) L’aromathérapie exactement – Encyclopédie de l’utilisation thérapeutique des extraits aromatiques – Pierre Franchomme – Roger Jollois – Daniel Pénoël – 2001 Edition Roger Jollois.